François Augiéras : L’Île du bout du monde (Film 8 mm)
Pour tout lecteur passionné de François Augiéras, entendre la voix de cet écrivain à nul autre pareil est un moment d’intense émotion.
“François Augiéras ou Le Théâtre des Esprits“ (publié par les Editions de l’Île Verte) est un livre CD qui comprend deux enregistrements dans lesquels on peut entendre la voix hantée et incantatoire d’Augiéras déclamer des passages de ses livres : “Le Vieillard et l’Enfant“ ainsi que “Le Voyage des morts“.
Certains extraits sont inédits, Augiéras ne les ayant pas gardés pour les versions définitives de ses récits.
Sa voix craque comme du bois que l’on brûle et vous saisit le cœur à pleine main.
“Mais qui lira jamais les livres que j’ai écrits ? Dans l’obscurité où je vis, ils sont encore comme enfoncés dans le ciel noir et menacés quand ce ne serait que par ma mort.“
“Cette nuit, j’irai jusqu’à l’océan et j’emporterai ma voix.“
Pour ajouter à l’émerveillement, le lecteur pourra découvrir six petits films inédits, réalisés par François Augiéras à l’aide d’une caméra 8 mm et accompagné de son ami Paul Placet.
Leurs titres contribuent à l’enchantement et au mystère : Ambiance de Tanger ; Devant l’église de St Amand de Coly ; La Chasse fantastique ; Planeur à Bassillac ; L’Île du bout du monde et Vues d’un Sarladais abandonné.
Il est troublant de voir François Augiéras et Paul Placet s’empoigner tous deux comme de jeunes chiens fous et lutter au sol devant l’église de St Amand de Coly ; ainsi que de voir Paul Placet tentant d’étrangler, par jeu, son ami.
Ceux qui ont lu “La Chasse fantastique“, petit ouvrage écrit avec Paul Placet, reconnaîtront dans ces images filmées, les moments de contemplation et de violence sourde évoqués dans ce beau livre.
À cet ouvrage, s’ajoutent de belles photographies prises par François Augiéras ; des lettres issues de ses diverses correspondances ; et last but not least, des lettres du capitaine Augiéras lui-même, l’oncle de l’écrivain, adressées à la mère de celui-ci.
Cet oncle fantasmé qui n’est autre que le fameux vieillard évoqué dans “Le Vieillard et l’Enfant“.
“François Augiéras ou Le Théâtre des Esprits“ est un livre propice au recueillement et à l’exaltation.
Il permet de coller son âme à la vie qui palpitait dans le sein broussailleux de cet éternel sauvage, de ce “dernier païen“, mort dans l’indifférence générale le 13 décembre 1971 à l’âge de 46 ans. Chacun de ses livres est une pierre de feu qui nous éclabousse les yeux de lumière.
Sa tombe se trouve au cimetière de Domme (dans le Périgord Noir). C’est Paul Placet qui inscrivit sur la stèle le nom de son ami, dans une graphie presque runique :
Augi
Éra
S
Et depuis, chaque nuit le tonnerre gronde dans le ventre de la terre. Car son cœur de lave est toujours vivant : la brûlante empreinte en est gravée dans chacun de ses mots.
Par deux fois je fis pèlerinage à Domme, vers ce terreau de légendes, ce vivier dans lequel nagent les poissons fabuleux du mystère.
Ce livre CD est une mine d’or pour tous les augiérassiens (dont je fais partie) : maigre communauté d’individus solitaires, éparpillés aux quatre vents de la terre.
© Thibault Marconnet
06/12/2013
#FrançoisAugiéras #LeSémaphore #Dordogne #LaVézère #Rivière #LÎleDuBoutDuMonde #Film8mm #PaulPlacet