Le Château d’Arques - Un Fier Donjon

LE CHEMIN DE RONDE. Le donjon du château d’Arques, un des plus beaux de France, construit en grès doré, est un chef-d’œuvre de l’art gothique inspirée d’Ile-de-France. Il allie élégance, luxe et aspect militaire. Restauré depuis peu, le donjon du château d’Arques reste le témoin du savoir-faire technique et artistique des bâtisseurs de l’époque médiévale. En 1217, pendant la croisade aibigeoise, Simon de Montfort prend et incendié le château et le village d’Arques. En 1231, il donne la seigneurie en récompense à son lieutenant, Pierre de Voisins. À la fin du XIIIe siècle, son fils, Gilles de Voisins, rebâtit le village qualifié de « bastide » et commença la construction du château actuel. Son propre fils, Gilles II, acheva son édification vers 1316. C’est à la demande de Simon de Montfort que le nouveau château fut construit pour garder cette partie du Razès. Il s’agissait de contrôler les voies de la transhumance que suivaient les cathares qui arrivaient aux Corbières à travers les Pyrénées, car la propagande cathare, disait-on, prenait le trajet des moutons. Construit à quelques centaines de mètres du village, le château d’Arques est situé en plaine sur les bords du Riaises et est entouré par de nombreuses forêts. Le site surprend par sa mauvaise aptitude à la défense : c’est en effet un tertre de médiocre importance, dominé de tous côtés par des hauteurs environnantes. Le plan est celui d’un château de plaine classique. L’enceinte quadrangulaire est percée au centre d’une porte en arc brisé munie d’un assommoir et ornée au sommet d’une clef de voûte aux armes de la famille Voisins. De nombreux bâtiments devaient exister le long de l’enceinte, mais seul deux sont encore visible dans la partie méridionale la mieux conservé. L’angle sud-est est occupé par l’ancienne chapelle (transformée en habitation au XXe siècle), tandis que l’angle sud-ouest abrite une tour-logis d’un grand intérêt. Datant du XVe siècle, ce bâtiment comporte deux niveaux. La salle basse, partiellement souterraine, est voûtée en berceau et percée de trois petites ouvertures de lumière. La salle haute est éclairée par deux fenêtres géminées trilobées. Elle est voûté d’ogives tombant sur quatre culs de lampe sculptés avec art. Les figures représentées ont un rapprochement stylistique avec celles du château de Puivert. Dans la petite tour attenante, un escalier à vis dessert les deux niveaux. Elle comporte une archère au nord, au dessus de la porte. Mais ce qui fait la renommée du château d’Arques, c’est son donjon, parfaitement conservé et dont l’élégance des proportions, la qualité de l’appareillage et la beauté du grès utilisé en font un des plus beau de France. De 13 mètres de côté et de 25 mètres de haut, il s’élève au centre de l’enceinte et se compose de quatre niveaux. Il est flanqué aux quatre coins d’échauguettes montées sur deux contreforts rectangulaires. Il ne semble pas qu’il y ait eu de crénelage ni de mâchicoulis au sommet du donjon. Ce qui frappe l’observateur à la vue de ce donjon, c’est son armement. Autant les défenses de la porte de l’enceinte sont médiocres, autant celles du donjon sur-abondent. La porte d’entrée est surmontée par un assommoir. Chaque face possède deux archères à étrier au rez-de-chaussée et quatre autres archères à bêches (élargies à la base) aux étages (cinq sur la face avant). Sur chacune des échauguettes s’ouvrent six archères à bêches. Les trompes qui soutienne la base des échauguettes sont percées d’une ouverture, formant un mâchicoulis. Ces tourelles permettent une défense sans angle mort. L’intérieur comporte quatre niveaux : les deux du bas sont voûté d’ogives, les deux autres planchéiés. Le niveau du bas comporte au centre de sa voûte une trappe servant à hisser les provisions. Le deuxième et troisième dénote un certain niveau de confort avec la grande cheminée qui apportait la chaleur à ces étages. Le quatrième, avec sa magnifique charpente de toiture, correspond à l’étage principal de défense. Dans cette salle octogonale était logée la garnison. Les murs sont ajourés symétriquement d’archères et de baies rectangulaires. Une quarantaine de soldats pouvait défendre en même temps ce donjon. Les quatre niveaux sont desservis par un escalier à vis dans l’échauguette du sud-est. L’ingénieur qui a conçu le donjon du château d’Arques a fait preuve d’une science consommée de la disposition des organes de tir, tout en donnant à ce monument une élégance incontestable. Il apparaît comme un véritable chef-d’œuvre de construction et un modèle de l’art de la défense.
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